Je comprends pourquoi ce texte n’a pas été réédité. Il mériterait une réécriture sévère au moins sur le chapitre médiéval. S.Thomas ne mérite pas l’opprobre de l’auteur, et Ockham encore moins ses éloges.
S.Thomas d’Aquin est sans conteste le premier des deux à fonder les droits absolus de la conscience, et bien des contemporains n’en croiront pas leurs yeux en lisant : « Croire en Jésus Christ est bon par soi et nécessaire au salut; mais la volonté ne s’y porte que sur la proposition de la raison. Donc, si cette foi est présentée comme un mal par la raison, la volonté s’y portera comme vers un mal, non qu’elle soit mauvaise par soi, mais seulement par accident, d’après l’idée que la raison s’en est faite. […] Il résulte donc de tout cela que, de soi, toute volonté qui n’obéit pas à la raison, que celle-ci soit droite ou dans l’erreur, est toujours mauvaise » (Ia IIac q. 19 art. 5).
D’autre part, il ne fait preuve d’aucune ambiguïté dans sa justification de la propriété privée, et ses arguments ont été repris mot pour mot par bien des économistes autrichiens.
Quand à Ockham, il fonde un individualisme bien fragile. D’abord sa doctrine de la toute-puissance absolue de Dieu laisse le monde créé dans un état de pure contingence, réduisant le droit au fait. Ensuite il laisse l’homme seul fasse à l’empereur, le privant du droit d’appel à une autorité spirituelle quand ses droits sont bafoués. La fortune de sa doctrine auprès des princes son l’époque montre combien elle les arrangeait ! Ockham tombe certainement sous la critique de Hayek dans « Vrai et faux individualisme ».
Salutations,
F.A.